Captain Beefheart & His Magic Band "Trout Mask Replica"
By Paul Alessandrini
CAPTAIN BEEFHEART AND HIS MAGIC BAND
TROUT MASK REPLICA.
Frownland. The dust blows forward, 'n the dust blows back. Dachau blues. Ella guru. Haïr pie: bake 1. Moonlight on Vermont. Pacucho cadaver. Bills corpse. Sweet sweet bulbs. Neon meate dream of a octafish. China pig. My human gets me blues. Dali's car. Haïr pie: bake 2. Pena. Well. When big Joan sets up. Fallin' ditch. Sugar'n spikes. Ant man bee. Orange claw hammer. Wild life. She's too much for my mirror. Hobo chang ba. The blimp. Steal softly thru snow. Old fart at play. Veteran's day poppy.
STRAIGHT STS 1.053/2 X 30 cm (distribution Pathé)
Théâtre du grotesque musical : ainsi pourrait-on définir la musique de Captain Beefheart. Les mots sont parodiques, violents, la musique est heurtée, cassée, piétinée. Des disciples ou adeptes des Mothers of Invention, ils perpétuent en quelque sorte la première époque de l'aventure musicale des Mothers, celle de « Freak out » et d'« Absolutely free », qui laissèrent perplexes beaucoup de ceux qui découvraient le son zappien. Ils apportent à la musique pop, avec ce disque, une nouvelle dimension : celle du théâtre, donnée par les inflexions de la voix de Captain Beefheart, qui gronde, rugit, éructe, par les harmonies fracassées, noyées, qui resurgissent sous forme de cris violents, dans les sons du saxophone. Les parties free ne sont pas sans rappeler le « Great Black Action Music » de l'Art Ensemble de Chicago.
Les acteurs du Magic Band sont un peu les extralucides voyants du monde de la violence dans lequel ils vivent. L'humour noir transporte la cohorte des ombres sinistres et grotesques du quotidien comme le faisait le théâtre dadaïste. Ils se veulent en marge, miroir déformant, caricature qui les entoure. Le grotesque qui est pour eux dans le quotidien, ils l'assument en le transfigurant; un peu à la manière des bandes dessinées que l'on trouve dans les journaux underground (cf-Crumb). Aucune concession dans leur démarche. Ils s'affirment avec ce second disque comme les poètes dada de la pop. Tout est ici différent, amplifié, caricaturé théâtralisé. Peut-être est-ce aussi le théâtre musical de la cruauté. Une musique « politique » que vous n'avez aucune chance d'entendre à la radio. Sans commentaire.
PAUL ALESSANDRINI.