Mothers Of Invention - Just Another Band From LA
By Paul Alessandrini
MOTHERS OF INVENTION
JUST ANOTHER BAND FROM LA.
Billy the Mountain. Call any vegetable. Eddie, are you kidding? Magdalena. Dog Breath.
REPRISE 2.075/30 cm
(import W.E.A.)
Un nouvel album des Mothers enregistré en public, l'exploitation habile, professionnelle, d'un répertoire et d'une formule orchestrale. Ce qui était la création subversive, provocatrice («Freak Out», «Absolutery Free») du Zappa de la première époque, ce qui fut l'expérimentation instrumentale («Uncle Meat») a laissé place à un spectacle parfaitement mis au point qui relègue la musique au second plan pour laisser la place à la théâtralisation qu'assument essentiellement les voix de Howard Kaylan et Mark Volman.
Leur rencontre avec Zappa a modifié totalement les préoccupations de ce dernier, qui semble fasciné par les possibilités sans limite de ces deux vocalistes. Le groupe est devenu le soutien des prouesses des deux anciens Turtles qui animent, jouent les textes de Zappa : ici par exemple «Billy the Mountain», qui occupe un face. Les aventures de Billy the Mountain sont extraordinairement mises en scène et permettent de pénétrer, avec ce recul critique toujours présent, dans l'univers des média américains (radio-TV) et cela à travers les rythmes, les mélodies, les «genres» de la musique «populaire» américaine dont Howard Kaylan et Mark Volman savent à chaque fois restituer toute la saveur.
Le célèbre «Call any vegetable» est lui aussi redéfini, variante plus «spectaculaire» que celle de la première époque. «Eddie, are you Kidding?», «Magdalena», et «Dog Breath» sont par contre de nouvelles compositions inscrites au répertoire du groupe. Mais on constate un effacement des musiciens qui servent essentiellement de «véhicules», assurent «le décor sonore», effectuant avec précision le contre-point.
A aucun moment il n'y a place privilégiée accordée à Aynsley Dunbar, Don Preston, Ian Underwood, Jim Pons ou au Zappa guitariste: la musique se met au service de ce qui devient de plus en plus du théâtre musical, un show de musique satirique. Zappa reporte donc, comme le prouve «200 Motels», son ambition créatrice de compositeur sur ses œuvres en solitaire, hors du cadre des Mothers.
Zappa a découvert enfin la formule à succès, spécialement construite pour un public américain, et semble vouloir en exploiter toutes les richesses. Si ce disque ne peut décevoir ceux qui suivirent la grarde aventure des Mothers of Invention depuis leur début, il ne marque pas non plus, comme d'ailleurs le précédent «Live at Fillmore», une nouvelle projection en avant.
PAUL ALESSANDRINI
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