Frank Zappa - Joe's Garage acts I, II, III
By Thierry Chatain
FRANK ZAPPA
Joe's Garage, act I.
CBS 86101
Durée de l'album : 39'30
Joe's Garage, acts II & III
CBS 88475 (Double)
Durée : 75' 45
« Les bonnes histoires de l'oncle Zappa »
Dans la grande tradition de Frank Zappa, excentrique bien connu, « Joe's Garage » se présente comme une « histoire idiote » (c'est lui qui le dit, pas moi) mais qui peut amener ses auditeurs à réfléchir.
Zappa part de l'idée que si le président des U.S.A. venait à interdire la musique, pour faire des économies de pétrole par exemple, les gens accepteraient cette décision. Une absurdité ? Certainement pas. Il existe des pays où elle est étroitement controlée, comme derrière le rideau de fer, et meme des pays où elle est effectivement interdite (l'Iran).
En utilisant ce point de départ, il bàtit une histoire morale (mais surtout satirique) pour mettre la jeunesse en garde contre les dangers de la musique. Le récitant est le « Scrutateur Centrai », une satanée machine dont le role est de faire respecter les lois qui n'existent pas encore ; pire que la situation décrite dans le célèbre ouvrage intitulé : « 1984 » !
L'histoire commence dans le garage de Joe (musicien-héro de cette histoire), garage où il joue avec son groupe. La voisine, Mrs Borg, le fait arreter par la police parce qu'il joue trop fort. On lui donne le conseil de fréquenter un peu plusl'église, un conseil qu'il suit volontiers, vu que Mary, sa petite arnie, est une catholique. Zappa ne manque pas de nous apprendre que les catholiques sont les meilleures suceuses (c'est encore lui qui le dit !). Mais Mary n'est pas à la f@te paroissiale. Elle est partie avec un groupe de Rock'n'Roll, et n'arrete pas de se livrer à des orgies avec les « roadies », et ce jusqu'à épuisement. Elle est abandonnée, et, pour rentrer chez elle, doit gagner le « concours du T-shirt mouillé », présenté par le révérend de son église, récemment défroqué. Elle gagne effectivement, en présentant les « protubérances mammaires » (c'est dans le texte !) les plus excitantes sous son T-shirt mouillé.
Joe apprend les aventures de Mary avant de tomber amoureux d'une serveuse qui lui file une maladie vénérienne bien connue. Joe est tellement embrouillé qu'il s'adresse à l'Eglise de l'Instrumentologie de L. Ron Hoover (une caricature de l'Eglise de la Scientologie de L. Ron Hubbard – cette dernière existe vraiment !).
Fin du premier Acte.
L. Ron Hoover, en bon gourou, lui prend d'abord tout son argent, et lui dévoile la vérité ; la gratification sexuelle ne peut venir que d'une machine. Et c'est ainsi que Joe, habillé en ménagère, se retrouve dans les bras (si l'on peut dire) de Sy Borg, un engin qui ressemble à un aspirateur couvert d'accessoires de sex-shop. Hélas, dans sa frénésie, il le casse. Comme il ne peut pas le rembourser, il se retrouve dans une prison spéciale pour membres du showbusiness, où il n'arrete pas de se faire violer. Il se réfugie dans son monde intérieur, et il se joue des soli de guifares imaginaires, illustrés par des soli, très réels ceux-là, de Zappa, de vrais soli d'anthologie. Après des années, il est finalement libéré.
Fin du second Acte.
A sa sortie de prison, il continue à jouer de la guitare imaginaire, se plonge dans ses souvenirs, et imagine mme des journalistes qui critiqueraient sa musique imaginaire, prétexte pour Zappa de s'en donner à caur joie avec la presse. Et finalement, il se range et abandonne la musique, pour se consacrerà la tache d'utilité publique qui consiste à décorer des muffins (gateaux chers à Zappa) de rosettes de crème.
Cette histoire tordue est l'occasion pour Zappa d'étaler une fois de plus ses obsessions, et de faire étalage de ses prodigieux dons de compositeur dans une extreme diversité de styles, surtout au cours de l'Act I. L'histoire dans les Act II & III semble davantage un prétexte, les compositions sont plus étirées, moins denses, et là c'est Zappa le guitariste qui est rnis en valeur.
Dans sa totalité, « Joe's Garage » constitue un résumé passionnant de tout ce qui fait de Zappa un des personnages-clés du rock. Une vraie petite encyclopédie du Zappa illustré.
Read by OCR software. If you spot errors, let me know afka (at) afka.net