Frank Zappa Lasers Of Invention ?
By Michel Sigwalt
Frank Zappa, toujours à la limite de l'internement, fou ou génial (l'ambiguïté reste préservée dadaisme ?) sort simultanément, ces jours-ci, deux doubles compacts (disponibles en coffrets cinq disques vinyle) : une compilation de certains de ses solos (« Guitar » cf. l'article de Michel Sigwalt, ci-contre) et « You Can't Do That On Stage Anymore », volume 1, une réunion d'enregistrements live inédits (28 morceaux), double compact initial d'une série qui devrait rassembler treize ( 13 !) heures de musique zappaïenne en concert ... Comme Frank « maestro » Z. reste muet (« pas d'interview ... pas le temps ... blabla » : son agent), voici, via ses notes bavardes de pochette, la définition (l'explication ?) de ce projet mégalo : plus d'une demi-journée de bandes ...
Il a fallu vingt ans pour réunir cette collection. Elle procurera à ceux qui s'intéressent à ma musique un vaste ensemble de matériel live inédit (sans absolument aucun overdubs) enregistré dans tous les formats, du deux-pistes analogiques jusqu'au 24 pistes numériques, en commençant par les premières bandes (octobre 1968 au Royal Festival Hall à Londres) jusqu'aux plus récentes issues de notre tournée mondiale en 1988, intitulée « Broadway The Hard Way ».
On a pris grand soin d'assurer la meilleure qualité audio même si les premières prestations des Mothers Of Invention originels, d'un intérêt purement historiques et qui ne sont pas exactement « hi-fi », ont été inclus pour le plaisir de ces fétichistes qui considèrent encore que le seul bon matériel a été interprété par ce seul groupe ... Heureusement, une simple comparaison avec les enregistrements des formations ultérieures mettra fin à cette étrange et fausse conception. Cette collection n'est pas chronologique.
On a mélangé les formations et les années, parfois au milieu même d'une chanson. La sélection a été conçue comme une réponse à ces questions théoriques :
1) Est-ce la meilleure version de cette chanson par ce groupe ?
2) Peut-on doter cette performance d'une quelconque signification « folklorique » ?
3) Est-ce une « première » au niveau de l'enregistrement ?
4) Est-ce une performance unique lors d'une improvisation ?
5) Y a-t-il un bon solo ?
6) Cela donnera-t-il, au niveau du concept, des indices de continuité, à ces maniaques purs et durs qui possèdent déjà tous mes disques ?
7) L'inclusion de ce morceau apporte-t-il quelque chose au rythme stylistique de l'album, en créant un relief ou un contraste ?
8) Y a-t-il un film ou une vidéo de ce concert ?
J'espère que vous apprécierez ce disque et que vous trouverez le temps d'écouter toute la collection qui dure treize heures.
Ces solos ont été enregistrés en public entre 1979 et 1984. Aucun d'eux n'est parfait (sic !) mais j'espère que vous les apprécierez tout de même ... » (Frank Zappa)
1. Sexual Harassment In The Workplace.
1981. Variations longues, très longues, sans queue ni tête, sur un riff blueseux.
2. Which One Is This ?
1982. Quoiteste ? On se le demande aussi ! Cacophonie cubiste de 3 minutes.
3. Republicans.
1984. Concert rock dans un hôpital psychiatrique oriental.
4. Do Not Pass Go.
1982. Sweeping, coups de vibrato, compresseur surchauffé, notes plantées ...
5. Chalk Pie.
1981. Bœuf de groupe provincial assourdissant un garage au plafond métallique.
6. In-A-Gadda-Stravinsky.
1984. Intéressant pour sa section lente. Positionnement stéréophonique indéfinissable de la guitare.
7. That's Not Really Reggae.
1984. Comme dirait Vai : visite guitaristique d'extraterrestres obsédés sexuels.
8. When No One Was No One.
1982. Réflexion musicale à son clair. Vibrato malmené : ne jamais s'assoir dessus !
9. One Again, Without The Net.
1984. Artifices sonores amusants ramenés d'une visite du Tibet.
10. Outside Now (Original Solo) (re-sic !)
1979. Joli ! Pendant une minute ...
11. Jim and Tammy's Upper Room.
1982. Les Paul Custom hard-rockeuse.
12. Were We Really Safe In San Antonio ?
1984. Enregistré à San Antonio, Texas ... Je ne l'ai pas déjà entendu, celui-ci ?
13. That Ol'G Minor Thing Again.
1982. Son infernal : Santana revisité par Hendrix, Steves Stevens et Vai.
14. Hotel Atlanta Incidentals.
1984. La différence entre « ceci » et le «n'importe quoi » ?
15. That's Not Really A shuffle.
1982. Rythmiques infernales, solo fin du monde !
16. Move It Or Park It.
1982. Larsen ! Larsen ! Larsen ! Lar (dernière) scène !
17. Sunrise Redeemer.
1984. Le matin, prendre deux comprimés de Philospectrolidrodedyl, un suppositoire algébrique et renifler de l'essence interdite ...
18. Variations On A Sinister Sharp Third.
1984. Quelles belles basses ! Arabesques, fioritures, planteries ...
19. Orrin Hatch On Skis.
1984. Schprzzmnntssclprtsdrzpbliiiiizzzzzz ...
20. But Who Was Fulcanelli ?
1982. Guitare en rotation panoramique... Devrait changer ses cordes !
21. For Duane.
1984. That's a blues ! Façon tuddy Waters ! Inattendu ! Ravageur !
22. GOA.
1984. J'ai tout compris : ils ont passé la bande à l'envers !
23. Winos Do Not March.
1984. Au moins, on comprend ici par qui Vai a été influencé !
24. Swans ? What Swans ?
1981. Pour ceux qui voudrait savoir POURQUOI. (La réponse est 42.)
25. Too Ugly For Show Business.
1981. Celui-là aussi, je pensais déjà l'avoir écouté !
26. Systems Of Edges.
1979. Classe ! Nous sommes de retour sur terre !
27. Do Not Try This At Home.
1982. Le SON ! La claque ! Et ça balance !
28. Things That Look Like Meat.
1981. Mmmmouai. Polytonalité infantile.
29. Watermelon In Easter Hay.
1984. Si le public daignait se la boucler un peu, on pourrait peut-être goûter sereinement ce joli passage !
30. Canadian Customs.
1984. Hitchcock psychédélique.
31. Is That All There Is ?
1982. Climat jazz léger. Merci les claviers !
32. It Ain't Necessarily The Saint James Infirmary.
1982. Reprise par les infirmiers de la Utility Muffin Research Kitchen d'un thème de Gershwin.
(Analyse de Michel Sigwalt.)
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