Frank Zappa "The Torture Never Stops"

By Jérôme Soligny

Rock & Folk, January 2011


Frank Zappa
"The Torture Never Stops"

Eagle/Naïve

Le monde se divise en deux catégories : les génies frappadingues, excessivement minoritaires, et tous les autres, qu'on qualifie d’êtres humains quand on est bien luné. Incontestablement, Frank Zappa faisait partie de la première. Dire que ce musicien américain né en 1940 comme John Lennon (lui-méme génial...) et décédé en 1993 d'une maladie qui ne fait pas de détail, était un total allumé, c’est un peu comme déclarer que le Sahara est une chouette plage.

Clairement, les mots qu’on connaît sont complètement inaptes à décrire ce que réserve ce DVD. On y voit un moustachu en combinaison rose (framboise écrasée pour être précis), bouffante dans le bas, déclamant les textes de chansons totalement loufoques dans la forme, qu’il trouvait drôles mais était seul à comprendre (“Viande Facile”, “Orifice Etranger”, “Les cœurs brisés, c‘est pour les trouducs”, ce genre), aux anangements jazz-rock alambiqués interprétés par un orchestre de requins qu’il avait généralement découverts et formé sur le tas de sa musique (Steve Vai est à la guitare ici). Lorsqu'il arrête de chanter, le prodige aux bacchantes fait jaillir des flammes de sa guitare (au sens figuré), marcher son petit monde à la baguette de chef d'orchestre, ou invite son claviériste, apparemment tombé de la même planète que lui, à imiter Bob Dylan dont la musique, ce n‘est pas injure lui faire, est bien moins complexe.

Ce délire filmé remonte à Halloween 1981, période de l’année que Zappa aimait au point de donner des concerts à New York presque systématiquement. Même si de larges extraits de celui-là sont déjà parus, c’est la première fois qu’il est proposé dans son intégralité. Deux heures de folie monstrueuse.