Zones libres
By Joe Farmer
Rolling Stone France, October 2012
À l'heure où un accord entre Universal Music et The Zappa Family Trust revitalise le génie créatif du maître en rééditant soixante albums essentiels jusqu'à la fin 2012, retour sur un patrimoine resté une énigme dans l'histoire de la musique populaire américaine.
L'ORSQUE FRANK ZAPPA ET LES "Mothers of Invention" font paraitre Freak Out! en 1966, les volutes de fumée multicolores ont déjà plongé la jeunesse hippie dans une rébellion naïve que le monde des adultes ne parviendra jamais à saisir. Mais cette fracture générationnelle prévisible est une aubaine pour un esprit vif et sarcastique ... Frank Zappa observe avec amusement et consternation cette pop culture qu'il s'emploie à démolir en singeant ses excès, ses codes sonores, et sa crédulité.
Ainsi, curieusement, alors qu'une bonne majorité de ses contemporains opte pour une lecture psychédélico-rock pompeuse et innocente de la société, Frank Zappa, 25 ans, se distingue et affiche avec un humour crispant et des compositions très étudiées son irritation face à tant de candeur et d'aveuglement.
Les années 60 donneront donc le ton d'une œuvre imposante guidée par le commentaire social, un souci inaltérable de la perfection et ce sens inné de l'écriture. Comment sortir des conventions, des automatismes, du cadre imposé par l'industrie du disque? Frank Zappa se posa cette question tout au long de sa prodigieuse aventure musicale. Il lui fallait dépasser les stéréotypes, s'inventer un univers, surprendre et parfois provoquer ... Son éclectisme et sa curiosité seront les clés de sa différence.
Quand le jeune Frank Vincent Zappa entend pour la première fois Ionisation d'Edgar Varèse, il n'a sûrement pas conscience que cette découverte va dicter ses choix et sa plume pour les décennies à venir. S'il s'enthousiasme pour les héros du rhythm'n'blues, les pièces de Stravinsky ou de Webern le fascinent davantage. Les allusions à ces maestros qu'il vénère jaillissent déjà dans ses premières productions. Son originalité est telle qu'il passe pour un fanfaron, un iconoclaste, aux yeux du public et des critiques.
Les expérimentations artisanales des sixties resteront pourtant pour Gail Zappa, sa femme, une période vivifiante emprunte d'une délicieuse nostalgie : "Pour moi, l'album Lumpy Gravy (1968, ndlr) est très représentatif de cette époque. Frank n'avait pas encore la possibilité technique d'écouter l'ensemble d'une pièce musicale qu'il venait de composer. Il devait attendre d'être en studio pour avoir la concrétisation réelle et sonore de ce qu'il avait écrit. Il savait que l'investissement des musiciens serait essentiel. Certains d'entre eua, je pense notamment au guitariste Tommy Tedesco, étaient un peu fébriles à l'idée de participer à une séance d'enregistrement avec Frank. Tommy avait entendu dire que Zappa était un personnage fantasque et, comme il ne voulait pas le décevoir, il est arrivé habillé en boy-scout pour affirmer son sens du ridicule. C'était à la fois pathétique et hilarant. Il voulait faire forte impression, mais c'était juste affligeant. Ce sont des souvenirs qui me sont chers ..."
De Freak Out! (1966) à Hot Rats (1969), Frank Zappa a écrit, réalisé, produit huit albums ! Mais l'exercice de la parodie et de la contre-culture doit désormais épouser la maîtrise parfaite de l'interprétation. Car Frank Zappa est un artiste obsessionnel qui n'envisage pas de laisser le hasard prendre la direction de son œuvre. Au contraire, tout est analysé, réfléchi... OverNite Sensation (1973) ou Apostrophe (1974) ne sont pas que des collages sonores inventifs et humoristiques. Ce sont des albums structurés, méticuleusement réalisés.
Les années 70 seront d'ailleurs rythmées par l'accélération féconde de productions particulièrement léchées qui, très progressivement, rallieront de nombreux aficionados à cet univers décalé, insensé, mais toujours unique et inédit. Un poil plus accessibles, les travaux du Maestro conserveront cependant cette folie créative qui a fait sa renommée. Pour beaucoup de ses fidèles, Frank Zappa n'a jamais été aussi inspiré. Il développe de surcroît une virtuosité guitaristique de haute volée qui le hisse au rang des plus sérieux instrumentistes rock d'alors. "The Purple Lagoon" (Zappa in New York, 1978) ou "Yo' Mama" (Sheik Yerbouti, 1979) sont toujours aujourd'hui considérés comme des chefsd'œuvre absolus.
Zappa met en scène, avec une rigueur malicieuse, ses fantasmagories électriques et devient une célébrité controversée, "indignement adulée" accusent ses farouches opposants. Son fils Dweezil, porteur volontaire d'un héritage pesant, s'en amuse et continue de s'extasier : "Si vous essayez de comparer la musique de Frank Zappa à tout autre genre musical, votre tête finira par exploser! Il y a tant de profondeur, de créativité, mais ce qu'ilfaut retenir avant toute chose, c'est que cette musique a été pensée, Frank Zappa savait parfaitement ce qu'il faisait, et ce, à chaque instant ... Tout cela n'est pas arrivé par accident,je ne dis pas pour autant qu'il n'y avait pas de spontanéité,je dis seulement que ses compositions étaient brillamment conçues et arrangées."
HÉRITIER NATUREL TOUT AUTANT que musical, Dweezil n'a eu de cesse de garder un enthousiasme presque enfantin (ou de fan) quand il évoque la musique de son père : "Si vous voulez être surpris par une musique qui dépasse toutes vos espérances, réécoutez les disques de Frank Zappa! Nous, ses enfants, avons grandi avec cette musique, mais à une époque où toute initiative, toute prise de risque semble avoir disparu, il est urgent d'écouter Frank Zappa! Aujourd'hui, on ne se remet plus en question, on ne fait que recréer ce que l'on a entendu mille fois. Je préfère aller voir le concert d'un parfait inconnu plutôt que d'écouter la radio à la maison. Le grand public ne sait plus ce qui existe réellement. On ne lui donne pas l'opportunité d'être confronté à d'autres musiques, à d'autres façons de penser et de concevoir la musique."
L'industrie du disque et la dictature des médias sont-elles seules responsables du mystère qui entoure l'insondable Frank Zappa? Il serait plutôt hâtif de clore la discussion sur une interrogation si confortable ... Au fil des décennies, l'univers zappaïen s'est enrichi de couleurs sonores toujours plus audacieuses. L'évolution des technologies a donné au grand manitou l'opportunité d'échapper à toutes contraintes. Cette liberté d'agir a démultiplié son désir de résister aux pressions économiques, industrielles et juridiques. Profondément attaché à son libre arbitre, son répertoire épousera cette volonté de pousser toujours plus loin les limites de l'expression artistique. Lorsqu'en 1986 parait l'album Jazz From Hell, un nouveau palier est franchi. Frank Zappa teste son nouveau jouet, le synclavier ... Entièrement produit à l'aide de cet outil numérique prodigieux, ce disque expérimental laissera perplexe une bonne moitié de ses plus fervents défenseurs, mais sera salué par un Grammy Award de la meilleure performance instrumentale rock. Un comble pour un renégat du showbiz!
Toujours plus avant-gardiste et frondeur, Zappa, à qui sa notoriété durement acquise sert désormais de bouclier, ne se privera pas de dénoncer les dérives de la grande Amérique à travers moult diatribes musicales dont se délecte encore Ahmet Zappa, le plus jeune fils du guitariste: "J'aime beaucoup l'album Joe's Garage (1979, ndlr). D'abord parce qu'on entend Frank se marrer dans ce disque, mais je suis surtout sensible au message qu'il véhicule ... Le délire sur 'l'appliantologie', sorte d'ersatz de la scientologie, est une trouvaille lumineuse. L'Eglise de scientologie est tellement puissante à Los Angeles, notamment dans le milieu du cinéma, qu'il était impératif que quelqu'un s'insurge contre cette économie parallèle. De plus, Frank a dû batailler ferme contre ces gens qui avaient investi le marché discographique. Sa caricature du gourou L. Ron Hubbard via le personnage 'L. Ron Hoover' (dans 'A Token of My Extreme', Joe's Garage Act II, ndlr) dans cet opéra rock est un grand moment. Ce disque est une merveille. Il y a tellement de titres grandioses. Prenez 'Watermelon in Easter Hay', c'est à tomber par terre! J'ai d'ailleurs une anecdote à ce sujet ... Pendant toute mon enfance, j'avais conservé dans le.fin fond de mon esprit un son de guitare que je n'avais jamais pu identifier. Je l'entendais dans ma tête, mais je ne savais d'où cela provenait. Et un jour, j'étais sur la route, j'écoutais Joe's Garage, et j'entends l'intro de 'Watermelon in Easter Hay'. Instinctivement, j'ai hurlé ce fameux rijf que j'avais en mémoire depuis si longtemps. Enfin, j'avais la réponse! C'était l'attaque du solo de Frank sur 'Watermelon'. Incroyable! Je me revois encore dans ma voiture devant ce restaurant indien à Los Angeles, totalement soulagé d'avoir la réponse à cette petite musique qui m'obsédait depuis tant d'années. Le cerveau humain est vraiment un drôle d'ordinateur..."
DIFFICILE DERÉDUIRE FRANK ZAPPA à quelques épisodes saillants de son épopée. Guitariste singulier, pamphlétaire acerbe, chef d'entreprise avisé, chef d'orchestre exigeant, il fut d'abord un formidable compositeur ... Ses œuv:res classiques n'ont-elles pas été interprétées par le London Symphony Orchestra, ou l'Ensemble intercontemporain sous la direction de Pierre Boulez? Au crépuscule de sa vie, Frank Zappa était toujours ce gamin qui découvrait Edgar Varèse à 15 ans. The Yellow Shark, magistrale pièce protéiforme magnifiée par l'Ensemble Modern de Francfort, sera son dernier défi personnel. La fameuse continuité conceptuelle imaginée par Frank Zappa ne fut pas seulement une judicieuse opération de marketing, elle a conduit les pas de cet homme clairvoyant qui, tel un joueur d'échecs professionnel, construisait patiemment son jeu avec intelligence et détermination.
Il est évident que son désir monomaniaque d'archiver, de classer, de remixer, de réarranger, de revitaliser son bien le plus cher entrait dans cette philosophie de vie. Frank Zappa se devait de laisser une trace indélébile incontestable.
C'ÉTAIT LE PRIX DE SON COMBAT CONTRE les bien-pensants, le rouleau compresseur du business et les idiots de tous poils, comme ne cesse de le marteler son fils Dweezil : "Frank Zappa a eu la chance de créer à une époque où tout était à créer. Il ne pouvait qu'être un artiste unique et authentique. Son impact sur le plan musical comme sur le plan social est énorme. Lorsqu'il s'indignait, ses propos restaient toujours objectifs. C'était d'abord un observateur, et non pas un commentateur arrogant. Il ne faisait pas de prosélytisme. Il ne prêchait pas la bonne parole. Il nous alertait, nous incitait à nous interroger, il nous donnait le choix à travers toutes ses facéties. Lorsqu'il se risquait sur le terrain politique, il ne faisait queaprimer ses propres convictions sans chercher à vous endoctriner. Il ne parlait pas au nom d'un élu ou d'un parti. Il se contentait de rappeler la constitution américaine. Il savait utiliser tous les moyens de communication pour se faire entendre. La musique était évidemment son meilleur vecteur d'epression, qu'elle soit compliquée ou simpliste. Il tentait de transmettre son message et de jouer sur les contrastes pour faire réagir le public."
Gail Zappa ne dit pas autre chose quand elle précise que "ses textes n'étaient que des propositions, il vous encourageait à réfléchir... Derrière cet humour ravageur, il y avait un discours très sérieua. Je ne vous apprendrai rien en vous précisant que c'est en maniant lhumour que l'on peut évoquer des sujets graves. Frank fonctionnait ainsi ... "
Frank Zappa nous a quittés le 4 décembre 1993, à l'âge de 52 ans. On aurait pu craindre que sa disparition n'émousse la volonté féroce de ses nombreux partisans à travers le monde de militer pour une meilleure diffusion de son univers extravagant. Outre ses disciples et admirateurs, ses proches et amis ont donc choisi d'achever le travail titanesque entrepris par le maître, dès les années 60.
Désormais, la famille est unie et fait front face à toute tentative de détournement commercial. Seuls les vrais amateurs ou connaisseurs ont un regard éclairé et sauront exploiter à sa juste valeur l'imposante production du défunt. C'est la raison pour laquelle Gail Zappa se pose en gardienne du temple. Interlocutrice attentive, elle étudie avec soin chaque proposition visant à promouvoir l'image, la musique, le discours ou le nom "Zappa". Tout doit être sous contrôle pour que l'intégrité de l'œuvre ne soit pas esquintée, écornée ou égratignée par quelques distributeurs peu scrupuleux.
L'accord récent passé avec Universal Music est, à ce titre, miraculeux quand on sait combien les ayants droit attachent de l'importance à la préservation du patrimoine. De son côté, Dweezil Zappa se fait un devoir de faire vivre les mots et les notes de papa en organisant des célébrations scéniques de grande classe durant lesquelles le passé et le présent se confondent dans un dialogue intergénérationnel que les avancées technologiques autorisent aujourd'hui.
L'aventure "Zappa Plays Zappa" débuta par "Le Tour de Frank" initié, en 2006, par un fiston tellement fier d'honorer son illustre paternel : ''Pendant longtemps, il nous était assez difficile de pouvoir écouter la musique de Frank Zappa, c'était émotionnellement très douloureux, mais nous avons réussi, au fil des mois, à accepter son absence et à faire notre deuil. Ensuite, nous avons considéré que le contexte politique et culturel, au Etats-Unis, était tellement déplorable qu'ilfallait proposer une alternative. Et le répertoire de Frank Zappa nous semblait être le remède parfait aua dérives américaines."
Mais l'ambition de Dwezil Zappa à porter le flambeau, encore et toujours, dépasse largement le contexte de l'Amérique. L'héritage est avant tout musical, et musical il doit rester : "Beaucoup de fans ont eu le sentiment, ces dernières années, que l'influence de Frank Zappa sur l'industrie du disque avait disparu. Mais remettons les choses à leur place, la jeune génération ne connaît même pas son nom ... Si l'on vous balance, à longueur de journées, la même mélasse musicale, comment pouvez-vous savoir qu'il existe autre chose? Le seul moyen de savoir si vous aimez tel ou tel artiste, c'est de l'écouter. Notre but était d'abord de relever le défi de jouer cette musique très complexe, et de la présenter à un nouveau public, en espérant qu'il nous aiderait à porter encore plus loin le message de Frank Zappa."
Les éternels ronchons ne tardèrent pas à houspiller les héritiers du trône, doutant sérieusement de l'intention révérencieuse et privilégiant l'hypothèse d'un irrésistible appât du gain. Une fronde éhontée que l'union familiale sut déjouer immédiatement, Dweezil en tête : "On nous reproche de capitaliser sur l'image de Frank Zappa. Je répondrai ceci à nos détracteurs : 'Comment pourrions-nous capitaliser sur un artiste ou une musique qui n'ont jamais cherché à être commerciaux?' Nous sommes tellement sincères dans notre démarche et nos prestations sur scène qu'il est quasi impossible qu'un spectateur puisse nous accuser de forfaiture. Il saura instantanément que cette musique vient du coeur !"
INCLASSABLE: CE QUALIFICATIF, QUE TANT d'artistes redoutent, était un véritable compliment pour l'imprévisible Frank Zappa. Arrangeur, producteur, bidouilleur, farfouilleur, il se jouait des contraintes du marché, en prenant systématiquement ses interlocuteurs à contre-pied. Zappa flirtait avec le jazz, parodiait le disco, ridiculisait les punks et narguait ses détracteurs à coups de riffs électriques incisifs. Symbole d'une contre-culture en vogue dans les années 60 et 70, Frank Zappa se démarquera pourtant de ce cliché trop formaté et réducteur. Il maîtrisait son art, sa destinée, avec une rigueur absolue, digne des plus grands virtuoses de notre temps !
Il est pourtant très périlleux, parfois présomptueux, de s'autoproclamer "virtuose". Si nombre d'artistes peuvent revendiquer un réel talent, rares sont ceux qui parviennent à cet état de grâce où la maîtrise épouse l'émotion. Quand l'écoute objective d'une œuvre musicale ne souffre aucune contestation, son interprète entre, dès lors, dans le cercle très fermé des intouchables, une élite capable de faire tomber les frontières de l'impossible. L'expressivité de tous ces maestros ne peut jaillir qu'à travers un effort constant de précision absolue. Il ne s'agirait pas de confondre "exactitude" et "exaltation". Le frisson n'est pas toujours le fruit d'une exécution parfaite. Une humeur, une atmosphère peuvent susciter l'approbation subjective d'un public, mais elles ne reflètent pas forcément la virtuosité du musicien. L'exigence de Frank Zappa interdisait l'approximation et impose désormais à sa descendance un respect infini dans l'exécution testamentaire.
En novembre prochain, Dweezil Zappa devra, une nouvelle fois, affronter la figure tutélaire lors d'une tournée européenne qui accompagnera la réédition de l'intégrale Zappa par Universal Music ... Un sacré challenge, déjà relevé jadis, mais toujours avec la même ambition, la même obsession : clamer haut et fort les préceptes de la continuité...
Shake yer booty!
Tour d'horizon de Zappaland. Bougez-vous! Si le Maestro avait déjà lui-même supervisé la remastérisation de sa discographie à l'aube des nineties, on saisira donc le prétexte pour compléter une collection fatalement incomplète, hormis pour les "zappaphiles" avertis. Après une première salve de douze albums (les années 1966 à 1972, avec des monuments comme Absolutely Free, Hot Rats, Chunga's Revenge et, bien sûr, We're Only in It for the Money) publiés fin juillet, le Zappa Family Trust a enchaîné début septembre avec la réédition des douze suivants- du très pointu Waka/Jawaka (1972 lui aussi) au légendaire Sheik Yerbouti de 1979 (l'un de ses plus grands succès) via quelques perles comme The Grand Wazoo. Zoot Allures et autres Roxy & Elsewhere, le jubilatoire live de 1974, avec "Penguin in Bondage". Parmi les rééditions qui s'échelonneront entre octobre et novembre, signalons les incontournables Joe's Garage. Shut Up 'N Play Yer Guitar (incluant Shut up 'N Play Yer Guitar Sorne More et Return of the Son of Shut up 'N Play Yer Guitar) et les six volumes de la géniale série d'archives de concerts, You Can't Do That on Stage Anymore. Ne zappez pas! (Universal Music Classic & Jazz.) ALAIN GOUVRION