Father of Invention
By Alphée Jézéquet
Un dédale riche de surprises et de propositions par un Américain pas trop tranquille.
Par Alphée Jézéquet.
Frank Zappa
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Discographie complète
UNIVERSAL
GÉNIAL POUR LES UNS, bavard pour les autres, c'est selon. En tout cas difficile à saisir pour tout le monde et c'est précisément ce qui fait la valeur de la discographie de Frank Zappa qui ressort ces jours-ci par vagues successives chez Universal, à qui la famille du barbu - son fils Dweezil en tête - a confié l'opération de résurrection de ce dédale ludique et pervers à la fois, même pour les plus avertis. C'est que Zappa a toujours privilégié la variété des registres au point d'offrir dans une même séquence du doo-wop (genre qu'il adorait), une parodie folk à la Dylan, un solo de guitare dont lui seul avait le secret, un hommage à Varèse avant d'enchaîner par une pirouette heavy pour finir par une citation de jazz modal. Parmi les deux premières vagues de rééditions documentant le début de ce parcours alambiqué, on retiendra donc les portes d'entrée suivantes:
Freak Out! (1966) pour son regard très distant sur l'objet "rock'n'roll" ; We're Only In It For The Money (1968) pour le jeu de collage sans complaisance à l'égard du show-business; Hot Rats (1969) pour sa vision très inspiré du jazz-rock qu'il s'approprie pour mieux le détourner de ses boursouflures; Waka/Jawaka (1972) comme pour s'excuser du précédent; Roxy & Elsewhere (1974) pour la dimension scénique du très bon instrumentiste qu'il était; Bongo Fury(1975) pour le dialogue insensé mené avec le compagnon Captain Beefheart sur fond de blues revisité; et enfin Sheik Yerbouti (1979) pour la synthèse de son art foutraque et totalement libre. Après cela, prendre un peu de temps pour boucher les trous ne sera jamais une occupation perdue avec ce genre de personnage volontiers iconoclaste et interrogeant avec intelligence, sinon toujours avec concision, les bien-fondés de la musique populaire américaine et ceux de la contreculture, son pendant inavoué.